LA VIDEO COPTE : PROVOCATION GRATUITE OU MIROIR TENDU À L’ISLAM ?
Au lendemain du coup d’éclat de Charlie Hebdo, l’opinion occidentale reste divisée : d’un côté, ceux qui regrettent la publication d’une vidéo et de caricatures injuriant la foi musulmane ; de l’autre, ceux qui estiment que leur publication, pour malvenue qu’elle soit, découle d’un droit de l’homme ne souffrant pas d’exception. Sur un point pourtant tous s’accordent : la vidéo, qu’elle ait été instrumentalisée par les Républicains ou pas, est une oeuvre outrancière et de basse facture.
Et si — n’en déplaise aux commentateurs anti-Républicains, laïcards ou adeptes de l’accommodement — la vidéo « copto-évangélique » ne devait pas s’analyser comme une « provocation » mais comme une réaction et un retour à l’envoyeur, comme une réponse aux « provocations » que chrétiens en général et coptes en particulier subissent plus ou moins quotidiennement depuis parfois la conquête du Proche-Orient par l’Islam ?
Tendre à la face des islamistes le miroir de leurs propres outrances afin de ne plus les subir passivement ne serait-ce qu’une fois : telle pourrait avoir été la motivation de l’auteur copte et des diffuseurs évangélistes du film de série « Z ».
A cet égard, on peut s’étonner que ni les gouvernements occidentaux, ni les organisations non gouvernementales concernées, ni même la presse « droit-de-l’hommiste » ne profitent de cette crise pour « mettre dans leur caca » le nez des États ou des organisations qui réalisent et publient plus souvent qu’à leur tour des films, des vidéos, des caricatures insultant non seulement les chrétiens, mais aussi les Américains et les juifs.
Comment ? En les prenant à témoin qu’ils ne peuvent pas interdire chez les autres ce qu’ils autorisent ou encouragent chez eux. Nos gouvernants l’auraient-ils fait au lieu de renvoyer dos à dos les islamistes et les producteurs de la vidéo, Charlie Hebdo aurait-il éprouvé le besoin de surenchérir afin que les ennemis jurés des droits de l’homme n’aient pas le dernier mot ?
« Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fît » ou « Respecte les autres comme tu veux être respecté » : il n’y a aucune raison pour que les États et les sociétés musulmanes — pourvu qu’on ait le courage de le leur dire et de le leur répéter en toute amitié — ne se pénètrent pas de ces maximes universelles qui sont au coeur de la morale laïque que le ministre de l’Éducation se propose justement de ré-inculquer à notre jeunesse.
Si politique d’accommodement à l’égard de l’Islam il peut certainement y avoir, elle ne doit être ni passive ni « culpabiliste » mais active et fondée sur l’exigence de réciprocité.
Jean-Pierre AIRUT