Raison-oblige.com se veut tout à la fois un « site » personnel et un « blog » collectif, un « bligst » en somme :
- Un « site » personnel parce qu’il présente les écrits déjà publiés ou inédits d’un seul et même individu — l’auteur de ces lignes — à deux exceptions près cependant [1].
- Un « blog » collectif parce qu’il aimerait devenir un lieu de ralliements, de débats, de publications et de conservation (cf. l’onglet « Archivages » supra) pour tous ceux qui s’intéressent à « la raison » et estiment important de défendre son usage ailleurs que dans les établissements d’enseignement scientifique, les laboratoires de recherche-développement et les états-majors où s’élaborent les stratégies des grandes organisations.
Quatre considérations nous paraissent fonder la prétention du site à jouer un rôle de « blog » rationaliste.
1° A l’exception des « Opuscules » de « jeunesse » et de « vieillesse » (cf. l’ onglet « Écrits divers » supra), tous les textes publiés découlent d’un seul et même exercice intellectuel on ne peut plus rationaliste : un essai de ré-exposition logico-mathématique (i.e. axiomatique) des théories de la plus-value et de l’exploitation, telles que Karl Marx les formule dans le Capital et telles qu’elles passent aujourd’hui encore pour fonder — du point de vue de la « science économique » — l’aversion évangélique pour « l’argent » que Marx reprend expressément à son compte dans sa controversée Question juive notamment [2]
2°) Tous les écrits postés sur le « bligst » — qu’ils interprètent des textes (exégèse), décrivent ou expliquent des phénomènes (théorie) ou combattent des idées reçues (polémique) — relèvent peu ou prou du « rationalisme » et constituent, à ce titre, un échantillon de ce qu’il faut faire ou ne pas faire quand « on se pique de raison » au XXIème siècle.
À divers degrés selon leur genre, ces textes répondent en effet aux exigences de base de l’énonciation rationnelle. C’est ainsi qu’ils s’efforcent :
a) de ne point confondre l’objet auquel ils se réfèrent avec ses représentations matérielles ou immatérielles : la représentation mentale de la pipe de Magritte n’est pas plus une pipe que sa représentation picturale ou sculpturale, etc. ;
b) de distinguer la représentation mentale des objets auxquels l’auteur se réfère des signifiants terminologiques utilisés pour identifier et distinguer la représentation mentale considérée de toutes les autres représentations mentales et pour la désigner à autrui : le mot « pipe » que Magritte peint pour désigner l’objet physique auquel sa représentation picturale se réfère n’est pas plus la représentation mentale de la pipe que la pipe physique elle-même ;
c) de définir aussi explicitement et précisément que possible les signifiants ou termes polysémiques utilisés pour identifier et désigner les représentations mentales signifiées ou désignées : sans cette « définition-mania », le lecteur ne serait pas certain, en effet, d’ imputer aux signifiants les signifiés voulus par l’auteur ni il pourrait s’assurer que celui-ci impute aux termes qu’il emploie le sens qu’il leur a défini et ne désigne pas par un même signifiant des signifiés différents en vue de masquer les toujours possibles incohérences de sa pensée. Pour que, de la clarté de la conception naisse la distinction de l’énonciation, encore faut-il que les termes de l’énonciation soient aussi précisément définis qu’en géométrie ou en algèbre et que les définitions proposées soient toujours, ensuite, aussi rigoureusement respectées que dans ces deux disciplines.
3°) Notre « bligst » propose des définitions de concept auxquelles l’amateur de rationalité peut s’intéresser indépendamment des textes postés. Ces définitions portent sur les concepts de « crise du concept de raison[3 » entendu comme crise de non-conscience ou de méconscience de l’existence de raison, de « crise de la raison [4]» entendu comme crise de sous-utilisation ou de mésutilisation de la raison ; de « raison[5] » entendu comme le produit d’un double conquête — individuelle et intérieure d’une part, collective et politique d’autre part; et concept de « rationalisme intégral[6] » entendu comme le rationalisme qui parvient à surmonter la dichotomie matière/esprit que le spiritualisme promeut explicitement et le matérialisme implicitement https://raison-oblige.com.
4°) Notre « bligst » propose enfin, last but not least, une stratégie de résorption des divers aspects de la crise de la raison qu’il parvient à discerner. Cette stratégie — qui se propose de respecter les droits des frères ennemis de la raison que sont l’instinct, le sentiment et la tradition — s’appuie sur une combinaison de trois armes :
a) L’arme de la « norme » entendue comme obligation facultative : la création d’une association internationale de normalisation de la terminologie et de la méthodologie des sciences sociales et humaines par les représentants de ces disciplines ne pourrait qu’inciter les auteurs à veiller à la cohérence et à la rigueur de leurs propos et à élever, par là, le degré de rationalité et donc le niveau de qualité de leur production.
b) L’arme du droit de la consommation : la transposition du modèle juridique régissant la distribution des denrées alimentaires à la circulation non moins importante des messages informatifs [5] permettrait de ménager les droits de leurs récepteurs autant que de leurs émetteurs, cette transposition revenant largement à expliciter, on le verra, les règles qui organisent déjà tacitement la circulation des messages privés et publics.
c) L’arme de la communication : la célébration de la raison au moyen d’une Journée Mondiale de la Raison — dont les lecteurs du « bligst » peuvent, qu’ils se le disent, lire et soutenir l’Appel à la création posté à la droite de ce texte — permettra de :
* faire connaître l’existence de la raison des populations du nord et du sud qui l’ignoreraient encore, ce qui remédierait à la crise structurelle de la raison ;
* valoriser l’image de la raison là où l’existence de cette faculté est reconnue mais sa fécondité cognitive ou morale contestée, ce qui remédierait à la crise conjoncturelle de la raison ;
* constituer un embryon d’imaginaire commun à toute l’humanité autour de la notion de raison et de ses nombreux corrélats : outre que la raison est une fonction que tous les hommes partagent, elle distingue l’homo sapiens des autres espèces (au point qu’il vaudrait mieux le qualifier de homo rationalis) et permet à notre espèce de s’unifier toujours plus dans la mesure où, derrière « la civilisation de ses moeurs », se cache un processus de rationalisation de ses représentations et de ses comportements ainsi que Einstein l’a souligné [8].
[1] E. MESQUIDA ; S. HOWARD,
[2] Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide.https://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430001a.htm
[3] Par « crise du concept de raison », on entendra l’écart qui sépare les propriétés observables de la raison des définitions que les humains en ont jusqu’ici donné quand ils l’ont fait. Des cultures ne distinguent toujours pas, en effet, la faculté de l’homme à produire des représentations peu ou prou logiques ainsi que des représentations du réel plus adéquates à ce dernier que celles que leurs traditions civiles ou religieuses leur lèguent. D’autres cultures distinguent cette faculté humaine des représentations logiques ou adéquates sans la valoriser pour autant : pour elles, les représentations rationnelles sont des curiosités qui ne valent pas mieux, au fond, que les autres représentations, le plus important pour une représentation étant d’être conforme à la manière de voir du plus grand nombre, des Ancêtres ou de(s) Dieu(x). D’autres cultures, enfin, reconnaissent l’existence de la raison et valorisent ses représentations mais ils en limitent ou ils en faussent l’usage en donnant une image par trop arbitraire. la déconnectant de toute organe biologique, comme si cette faculté pouvait exister indépendamment d’un support organique et comme si on pouvait en développer l’usage en agissant sur un autre facteur que le cerveau ou la psyché des individus concernés.
[4] Par « crise de la raison » , le « bligst » entendra la sous-utilisation ou la mésutilisation par les humains de leurs fonctions rationnelles, et, par extension, les déperditions de temps, d’énergie, d’argent et de plaisir de vivre qui découlent de cette sous-utilisation ou de cette mésutilisation. La crise de la raison est un des premières conséquences de la crise du concept de raison défini à la note n° 3.
On peut distinguer trois types de crise de la raison :
a) une crise de croissance que l’on peut qualifier de structurelle tant elle aura duré et dure encore auprès de nombreuses populations au nord comme au sud. Elle résulte du fait que les humains ne sont pas naturellement conscients de leur faculté rationnelle, de la spécificité de leurs représentations rationnelles et encore moins de leur supériorité sur les représentations irrationnelles du point de vue de l’adaptation au milieu. Pour que les humains prennent conscience, ils doivent avoir produit assez de représentations rationnelles pour comprendre qu’elles leur apparaissent distinctes de leurs autres représentations et dotées d’une valeur égale ou supérieure à celle des croyances reposant sur la tradition, la foi ou la force.
b) les crises conjoncturelles de la raison qui résultent du fait que, après une phase de rationalisation, un individu ou une société peut éprouver le besoin de verser, par réaction et passagèrement, dans l’irrationnalisme ;
c) une croissance de la raison de ses crises conjoncturelles et conçoit la crise de la raison actuelle comme une crise conjoncturelle. La crise est superficielle et provisoire.
5. Par raison, on entendra les fonctions cérébrales qui permettent à l’homme d’analyser et de synthétiser leurs représentations perceptives et conceptuelles, i.e. de les décomposer et de les recombiner logiquement si ce n’est quantitativement.
6. Par rationalisme intégral on vise la forme que prend le rationalisme au XXI e siècle au terme du dépassement de l’opposition matière/esprit que le spiritualisme promeut et que le matéralisme vulfaire maintient.